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lundi, 13 octobre 2025 15:26

Rétablissement des relations entre le Canada et l’Inde

Anita Anand et Narendra Modi à New Delhi. Anita Anand et Narendra Modi à New Delhi. Photo: Pixabay

Deux ans après une grave crise diplomatique, le Canada et l’Inde ont convenu d’une série d’étapes pour rétablir leurs relations bilatérales. Cette initiative, officialisée à New Delhi, marque une nouvelle phase dans les échanges entre Ottawa et New Delhi, interrompus depuis 2023 après l’assassinat d’un dirigeant sikh canadien sur le sol canadien. Les deux pays affirment vouloir renforcer leurs liens dans un contexte mondial marqué par l’incertitude économique et les tensions géopolitiques croissantes.

Sommaire:

Rencontre d’Anita Anand avec Narendra Modi et Subrahmanyam Jaishankar

Le lundi matin à New Delhi, la ministre canadienne des Affaires étrangères, Anita Anand, a rencontré le Premier ministre indien Narendra Modi ainsi que le ministre des Affaires extérieures Subrahmanyam Jaishankar.
Les responsables ont convenu d’une nouvelle feuille de route pour les relations entre le Canada et l’Inde.
Selon un communiqué conjoint, les ministres ont reconnu que « dans le contexte d’incertitude économique mondiale et de tensions géopolitiques croissantes, une relation bilatérale solide et résiliente entre l’Inde et le Canada est essentielle ».

Le texte précise également que des discussions ministérielles sur le commerce et les investissements bilatéraux commenceront prochainement.
Les domaines suivants ont été identifiés comme prioritaires :

  • Agriculture
  • Science et technologie
  • Collaboration nucléaire civile
  • Intelligence artificielle
  • Minéraux critiques
  • Énergie

La mort de Hardeep Singh Nijjar et la rupture de 2023

La crise entre les deux pays a éclaté après les accusations formulées en 2023 par l’ancien Premier ministre Justin Trudeau, qui a affirmé devant la Chambre des communes que le gouvernement indien était impliqué dans le meurtre de Hardeep Singh Nijjar, un dirigeant sikh canadien tué à Surrey (Colombie-Britannique).
Nijjar était une figure importante du mouvement Khalistan, réclamant la création d’un État sikh indépendant en Inde.

Trudeau, soutenu par des responsables de la sécurité, a déclaré que des diplomates indiens recueillaient des informations sur des Canadiens et les transmettaient à des membres du crime organisé.
L’Inde a nié toutes les accusations. En conséquence, les deux pays ont expulsé réciproquement plusieurs diplomates, marquant le point culminant de la rupture.

Le rôle du gouvernement de Mark Carney dans la relance des liens

Sous le gouvernement du Premier ministre Mark Carney, le Canada a entrepris une série d’initiatives pour restaurer les liens diplomatiques. En septembre, Ottawa et New Delhi ont nommé de nouveaux envoyés, décision annoncée après une rencontre bilatérale entre Carney et Modi lors du sommet du G7 à Alberton.
Carney a déclaré en conférence de presse que le rétablissement des ambassadeurs constituait "une première étape nécessaire", tout en soulignant que beaucoup restait à faire « dans le respect de la souveraineté ».

Un compte rendu publié par le bureau du Premier ministre a précisé que le Canada avait évoqué les questions du crime transnational, de la sécurité et du respect de l’ordre fondé sur des règles avec le dirigeant indien.

Collaboration policière et réactions de la communauté sikh

Un mois après la réintégration des hauts-commissaires, Anita Anand a confirmé que les services de police indiens coopéraient activement avec leurs homologues canadiens.
Dans une interview à la CBC, elle a déclaré que des représentants du gouvernement canadien se sont rendus en Inde à la fin du mois de septembre "pour assurer la poursuite du dialogue en matière d’application de la loi".

Cependant, cette approche a suscité des critiques de la part de la communauté sikh au Canada.
La World Sikh Organization (WSO) a exprimé sa « profonde inquiétude » face au communiqué conjoint, affirmant qu’il ne contient aucune garantie concernant l’arrêt des ingérences étrangères ni de la répression transnationale.
Selon le président Danish Singh, « Les Sikhs canadiens continuent de faire face à des menaces et à des activités criminelles dirigées par l’Inde. Notre gouvernement ne peut pas prétendre que tout est revenu à la normale tant que la répression transnationale se poursuit. »
Il a ajouté : « La déclaration d’aujourd’hui n’est pas de la diplomatie, c’est un échec à défendre la souveraineté et l’état de droit du Canada. C’est une forme d’apaisement. »

Vers une stabilité stratégique accrue

L’accord de partenariat conjoint représente la tentative la plus récente pour reconstruire une relation fragilisée depuis deux ans.
Les deux gouvernements espèrent que la coopération économique et sécuritaire contribuera à renforcer la stabilité régionale et à garantir des chaînes d’approvisionnement plus fiables dans un environnement international complexe.

Malgré les tensions persistantes et les préoccupations exprimées, le rapprochement entre Ottawa et New Delhi marque une étape importante vers la normalisation complète des relations diplomatiques entre les deux pays.

Source: CBC