La sécheresse au Brésil et au Vietnam fait grimper les prix
Le prix du café sur les marchés internationaux a bondi de plus de 80 % pour les grains d’Arabica depuis septembre dernier. Les grains d'Arabica représentent environ 70 % du marché mondial, et le prix moyen est actuellement de 2,70 $ US par livre, comparé à 1,49 $ US il y a un an.
La situation est particulièrement grave au Brésil, premier producteur mondial de café, où les agriculteurs doivent faire face à l'une des pires sécheresses depuis des décennies. Les précipitations dans des régions clés comme l'État de Minas Gerais sont bien en dessous de la moyenne, mettant à mal les récoltes de nombreux fermiers.
Au Vietnam, la sécheresse a également gravement affecté la production, notamment celle du Robusta, une variété de café utilisée dans le café instantané et prisée en Europe. Les tensions sur les marchés ont poussé certains acheteurs traditionnels de Robusta à se tourner vers l’Arabica, accentuant la pression sur les prix.
“Les impacts du changement climatique deviennent de plus en plus visibles, notamment dans les pays producteurs de café”, a déclaré Robert Carter, président de l’Association du café du Canada.
Les torréfacteurs canadiens sous pression
En Alberta, les torréfacteurs canadiens commencent à ressentir les effets de ces hausses de prix. Karl Ward, fondateur de Chronicle Coffee Roasters, affirme que sa production quotidienne de 5 500 livres de grains de café est désormais confrontée à des coûts sans précédent.
“Nous avons toujours connu des fluctuations de prix, mais jamais de cette ampleur”, explique Ward.
Les entreprises du secteur sont particulièrement vulnérables face à ces changements, notamment celles spécialisées dans les grains d'Arabica, car elles ne peuvent pas facilement substituer cette variété. Ward prévoit que les consommateurs ressentiront cette pression d’ici trois à six mois, même si l’ampleur exacte de la hausse reste incertaine.
“Les prix des matières premières ne sont tout simplement plus soutenables pour les torréfacteurs comme nous, ni pour les consommateurs”, ajoute Ward.
Le changement climatique - un défi pour l’avenir du café
Les scientifiques soulignent que la fréquence des sécheresses extrêmes dans des régions comme le Brésil est liée au changement climatique. Nathan Moore, professeur à l’Université d’État du Michigan, indique que ce type de sécheresse devrait théoriquement se produire une fois tous les 50 ans.
“Le changement climatique et la déforestation combinés augmentent la probabilité de sécheresses sévères,” explique Moore.
La déforestation au Brésil, qui a atteint des niveaux records sous l'ancien président Jair Bolsonaro, exacerbe également la vulnérabilité de ces régions agricoles. Bien que le nouveau président Luiz Inacio Lula da Silva ait promis de mettre fin à la déforestation en Amazonie, les défis restent importants.
Des modèles agricoles plus durables
Face à ces menaces croissantes, les experts appellent à des changements dans les méthodes agricoles. Selon Maren Oelbermann, professeure en sciences du sol à l’Université de Waterloo, l’intégration de modèles agricoles plus durables, comme l’agroforesterie, pourrait permettre de maintenir la production tout en limitant les coûts dans un contexte de climat changeant.
Source: cbc.ca