Le nombre de sans-abri en hausse à Ottawa

L’année 2024 marque une augmentation notable du nombre de sans-abri dans la ville d'Ottawa, selon les résultats préliminaires du recensement mené cette semaine par la municipalité. Ce point d’analyse de 24 heures a été mis en place pour obtenir une vue d’ensemble précise de la situation, dans un contexte où l’accès à un logement stable est devenu de plus en plus difficile pour de nombreux résidents vulnérables. Le recensement permet de documenter et comprendre les parcours de ceux qui vivent actuellement sans domicile, un point essentiel pour évaluer l'ampleur du phénomène et orienter les politiques publiques.

Rob Main et la difficulté croissante d'accéder à un logement abordable

« Les loyers sont tellement élevés maintenant qu’on ne peut plus se payer un appartement. Même pour une chambre, c'est 2000 dollars, » témoigne Rob Main, un habitant du centre-ville d’Ottawa qui fait face à un avenir incertain. Rob doit quitter sa résidence actuelle d’ici la fin novembre, son logement étant sur le point d’être démoli. Il partage son inquiétude quant aux coûts immobiliers en hausse, une situation qui pousse de plus en plus de résidents d'Ottawa vers l’itinérance.

Heather Uniat, une femme sans-abri depuis cinq mois, souligne également les obstacles auxquels elle est confrontée pour retrouver un toit. Bien qu'elle ait trouvé une option de logement, il lui manque un garant pour finaliser la location. Pour Heather, l'enquête de cette semaine est cruciale « parce que la situation de logement des gens peut changer si vite. » Sa récente éviction est un exemple frappant de l'instabilité que vivent beaucoup d’autres.

Une augmentation progressive observée depuis trois ans

Raynor Boutet, responsable du projet de recensement de la ville, indique que les données montrent une tendance à la hausse du nombre de sans-abri à Ottawa au cours des trois dernières années. Le recensement, qui a commencé mercredi à midi et s'est achevé jeudi à la même heure, est le premier à être mené depuis 2021. En parallèle, Ryan Saunders, le superviseur de l'équipe de mobilisation communautaire, observe que « de plus en plus de gens dorment dehors plutôt que dans des refuges. » Ce constat alarmant pourrait être lié à la capacité limitée des refuges, ainsi qu’aux loyers de plus en plus inaccessibles pour les revenus les plus faibles.

Ce recensement, qui n’avait pas été réalisé depuis trois ans, est essentiel pour la ville car il fournit non seulement des chiffres mais aussi des données démographiques précieuses pour les décideurs. La municipalité espère ainsi adapter les politiques d’aide en matière de logement à court et long terme pour répondre aux besoins réels de la population sans-abri et de ceux en situation précaire.

Les sans-abri cachés - un défi pour le recensement

Caroline Yabsley, gestionnaire de programme pour les opérations de refuges communautaires, souligne l'importance des données recueillies pour mieux comprendre le profil des sans-abri. Elle explique que le recensement inclut des personnes plus difficiles à identifier, appelées "sans-abri cachés" - ceux qui alternent entre divers abris précaires comme le canapé d’amis, les hôpitaux ou encore les centres de détention. Ces situations rendent le recensement complexe, car ces personnes sont souvent absentes des espaces publics où les équipes effectuent leur comptage.

« Ces données vont aider à mettre en place des politiques adaptées, pour rapprocher ces personnes de solutions de logement plus stables et permanentes, » précise Boutet. En outre, le questionnaire complémentaire de 29 questions, prévu pour se terminer lundi, vise à collecter des informations démographiques précises pour affiner davantage l’analyse.

Vers des solutions durables

Les résultats finaux de ce recensement seront dévoilés dans les prochaines semaines. En 2021, Ottawa comptait déjà 1340 sans-abri, contre 1400 en 2018. Ces chiffres serviront de base pour évaluer l’évolution de la situation et élaborer des réponses adaptées aux défis posés par l’itinérance dans la capitale canadienne.

Source: cbc.ca