Les congés sabbatiques, une nouvelle tendance chez les Canadiens

Ces dernières années, de plus en plus de Canadiens demandent à leurs employeurs des congés prolongés, bien au-delà des traditionnelles vacances annuelles. Ce phénomène, surnommé la "mini-retraite" ou encore "année sabbatique pour adultes", semble prendre de l'ampleur, encouragé par la pandémie de COVID-19 et des changements dans les mentalités des travailleurs.

Nick et Melanie Thompson - un exemple inspirant de vie alternative

Nick Thompson et sa femme, Melanie, illustrent parfaitement cette tendance. Le couple, originaire du comté de Norfolk en Ontario, a décidé de quitter le Canada pour vivre une vie plus simple et plus connectée à la nature en Équateur. Ils ont choisi de s'installer dans la région de la Vallée de la Longévité, où ils bénéficient d’un climat doux et propice à la détente. « C’est la terre du printemps éternel. Il fait entre 16 et 27 degrés toute l’année, et il n’y a pas d’insectes car nous sommes suffisamment en altitude », a expliqué Nick lors d'une interview.

Leur propriété, située à la lisière de la forêt amazonienne, est un véritable paradis naturel. Le couple élève des poules et cultive des fruits tropicaux tels que des mangues, avocats, fruits de la passion, et pas moins de sept variétés de bananes. "Nous sommes en mini-retraite", a déclaré Nick Thompson, soulignant leur choix de quitter une vie trépidante pour adopter un mode de vie plus simple et épanouissant.

Les effets de la pandémie - une réflexion sur l'avenir

Selon Cissy Pau, consultante en ressources humaines basée à Vancouver, de nombreuses entreprises canadiennes constatent une hausse des demandes de congés sans solde. "Nous recevons de plus en plus de demandes de la part de salariés qui souhaitent prendre des congés prolongés", a-t-elle affirmé. Cette tendance, selon Philippe de Villers, président de CPHR Canada, s'explique par une fatigue accrue après la pandémie. « Les gens sont plus épuisés depuis la pandémie. Cela a été bien documenté », a-t-il déclaré.

De nombreux employés ne veulent plus attendre l’âge de la retraite pour réaliser leurs rêves, préférant voyager ou se consacrer à d'autres projets personnels dès maintenant. Nick Thompson partage cette philosophie, influencée par la perte précoce de sa mère à l'âge de 58 ans, juste avant que ses parents ne puissent profiter de leur retraite.

Des choix de vie, mais à quel prix ?

Cependant, cette liberté n’est pas accessible à tous. Un sondage réalisé par Leger en septembre dernier révèle que 47 % des Canadiens vivent au jour le jour et ne peuvent pas se permettre de longues périodes sans revenu. « Pour pouvoir s’offrir une micro-retraite, il faut être financièrement indépendant ou avoir soigneusement planifié son projet », souligne de Villers.

Malgré ces difficultés financières, certains Canadiens sont prêts à sacrifier une partie de leur sécurité pour mieux vivre. Cissy Pau note un changement dans l'attitude des travailleurs vis-à-vis de leurs employeurs : « Les employés ne sont plus disposés à sacrifier leur vie pour leur travail. Il y a 30 ou 40 ans, on restait dans la même entreprise toute sa vie. Ce n’est plus le cas aujourd’hui ».

Les défis d'une carrière en pause

Si de nombreux salariés envisagent cette alternative, Philippe de Villers met en garde contre les conséquences possibles d’une absence prolongée au travail. Pour les jeunes professionnels, un congé prolongé peut affecter leur progression de carrière et leurs économies de retraite. "Cela peut avoir un impact énorme, surtout en début de carrière", prévient-il, ajoutant que cela peut également retarder des promotions potentielles.

En revanche, pour Nick et Melanie Thompson, grimper les échelons de l’entreprise n’est pas une priorité. Ils privilégient un mode de vie simple et frugal, loin des préoccupations matérielles. "En prenant du recul, nous avons réalisé ce qui est vraiment important dans la vie. Nous n'avons pas besoin de 100 000 dollars par an pour être heureux", conclut Nick Thompson. Pour eux, l’essentiel est ailleurs - vivre avec peu, mais vivre pleinement.

Source: cbc.ca