Les inégalités dans la répartition des tâches ménagères

Une récente étude menée par l’Université de l’Alberta apporte des éclairages sur un sujet crucial qui perdure depuis des décennies : les inégalités dans la répartition des tâches ménagères entre hommes et femmes. Cette recherche, basée sur un suivi de 520 habitants d’Edmonton pendant 25 ans, révèle des schémas persistants de division genrée du travail domestique.

Sommaire:

Une répartition genrée qui s’ancre dans le temps

L’étude, publiée dans le Journal of Family Psychology, montre que les inégalités dans la répartition des tâches ménagères se manifestent dès la vingtaine et se maintiennent tout au long de la vie adulte. Les femmes continuent de réaliser la majorité des tâches comme la cuisine, le nettoyage, la lessive ou les courses. Ces tendances, déjà visibles au début des relations, se renforcent avec l’arrivée des enfants.

Les données ont été recueillies entre 1992 et 2017, à quatre moments de vie des participants : à 25, 32, 43 et 50 ans. Malgré les changements de contexte ou d’emploi au fil des années, les résultats montrent que la dynamique initiale persiste dans les relations, illustrant une stabilité surprenante.

L’impact de la parentalité sur le déséquilibre

L’arrivée des enfants amplifie ces inégalités. Les mères consacrent en moyenne 52 minutes de plus par jour aux soins des enfants que les pères, qu’ils travaillent à domicile ou à l’extérieur. Les données récentes de Statistique Canada confirment également que les femmes consacrent plus de temps aux tâches ménagères non rémunérées, quelle que soit leur situation professionnelle.

Le rapport de l’Institut Vanier, publié en novembre 2022, indique que cette dynamique reste inchangée malgré des progrès dans d'autres domaines de l’égalité des genres, comme l’éducation et l’emploi. Par exemple, même parmi les femmes assurant plus de 50 % du revenu familial, leur charge domestique reste supérieure à celle des hommes.

Les lenteurs du changement culturel

Les recherches soulignent que la lenteur du changement est liée à des normes culturelles profondément enracinées. Historiquement, la division du travail domestique s’expliquait par les rôles économiques : les hommes fournissaient la majorité des revenus tandis que les femmes géraient la maison. Aujourd’hui, ce modèle n’est plus justifié, mais les attentes culturelles perdurent. Cette inertie sociale contribue à maintenir les schémas traditionnels.

Cependant, certains signes montrent une évolution. Par exemple, 31 % des pères hors Québec ont réclamé des congés parentaux en 2022, contre seulement 10 % en 2017. De plus, les pères de la génération Millénaire passent davantage de temps avec leurs enfants et participent plus aux tâches ménagères qu’auparavant.

Vers une égalité dans la sphère privée

Pour réduire ces écarts, un changement est nécessaire, à la fois dans les ménages et sur le lieu de travail. Les politiques d’entreprise doivent encourager une flexibilité égale pour les hommes et les femmes, évitant ainsi que les responsabilités domestiques ne reposent uniquement sur les mères.

Enfin, la reconnaissance du « travail invisible » des femmes, comme la planification et l’organisation domestique, constitue une étape clé. Un équilibre dans la sphère privée pourrait non seulement alléger la charge des femmes, mais aussi créer des foyers plus égalitaires pour les générations futures.

Ainsi, bien que les progrès soient lents, l’évolution des mentalités et des politiques publiques laisse entrevoir un avenir où la répartition des tâches ménagères pourrait devenir plus équitable.

Source:  cbc.ca