Projet de ceinture alimentaire en Ontario

Deux députés de l’Ontario ont présenté un projet de loi visant à établir une zone protégée dédiée exclusivement à l’agriculture. Ce territoire, comparable à la Ceinture de verdure existante, aurait pour but de conserver les meilleures terres agricoles de la province et de renforcer la sécurité alimentaire. Le projet de loi 21, intitulé Loi sur la protection de notre alimentation, a franchi la première lecture à l’Assemblée législative cette semaine.

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Le renforcement de l’autonomie alimentaire de l’Ontario

Le projet a été présenté par Mike Schreiner, chef du Parti vert de l’Ontario, et Bobbi Ann Brady, députée indépendante de Haldimand-Norfolk. Ils proposent une zone protégée spécifiquement dédiée à l’agriculture, appelée ceinture alimentaire, qui fonctionnerait comme la Ceinture de verdure actuelle mais avec un objectif uniquement agricole.

Selon les données du recensement agricole de mai 2022, l’Ontario perd chaque jour environ 129 hectares de terres agricoles. Cette tendance, jugée alarmante, menace directement l’approvisionnement alimentaire local. Le comté de Haldimand compte environ 208 653 acres répartis sur 811 fermes. Quant au comté de Norfolk, il possède 196 403 acres sur 1 307 exploitations. Ces régions sont très actives dans la production de fruits, de légumes, de tabac et d’arachides.

Erin Shapero et Valerie Burke soutiennent un projet similaire depuis 2009

Ce concept n’est pas nouveau. En 2009, les anciennes conseillères municipales de Markham, Erin Shapero et Valerie Burke, avaient déjà proposé un projet similaire. Leur motion, fondée sur des consultations avec des chercheurs et des agriculteurs, visait à créer la première ceinture alimentaire du Canada. Bien que rejetée de justesse à l’époque, cette initiative était axée sur la nécessité de protéger les terres agricoles de haute qualité contre l’urbanisation.

Depuis ce rejet, les terres ciblées dans leur proposition ont été urbanisées, donnant lieu à des quartiers résidentiels et des infrastructures. Burke et Shapero saluent aujourd’hui le retour de cette idée à l’échelle provinciale.

Une approche structurée et soutenue par des acteurs agricoles

Le projet de loi prévoit la création d’un groupe de travail composé d’agriculteurs, d’experts et d’urbanistes. Leur mission serait d’identifier les terrains à inclure dans la ceinture alimentaire en se basant sur des critères techniques. Cette approche vise à concilier développement urbain et protection des sols agricoles les plus fertiles.

Le professeur Mike Von Massow de l’Université de Guelph considère qu’une telle démarche est bénéfique à condition d’établir des règles précises. Il souligne toutefois qu’il faudra trouver un équilibre, car certaines terres devront malgré tout être développées pour répondre à la croissance démographique.

Appui des fédérations agricoles et prudence gouvernementale

La Fédération de l’agriculture de l’Ontario et l’Union nationale des fermiers pour l’Ontario soutiennent activement le projet. Des représentants de ces groupes ont d’ailleurs assisté à la conférence de presse annonçant le dépôt du projet de loi.

Mark Reusser, vice-président de la Fédération de l’agriculture de Waterloo, a affirmé que la proposition répond aux demandes récurrentes des agriculteurs de la région, notamment dans le sud de la province où le climat est particulièrement favorable à une agriculture diversifiée.

Malgré cet appui, le ministre de l’Agriculture, de l’Alimentation et de l’Agroalimentaire, Trevor Jones, n’a pas commenté directement l’initiative. Le gouvernement a simplement réitéré son engagement à défendre les agriculteurs de l’Ontario.

La protection des terres agricoles est donc au cœur d’un débat crucial entre urbanisation et sécurité alimentaire. Les promoteurs du projet espèrent que cette fois, l’idée aboutira afin de garantir une production alimentaire durable pour les générations futures.

Source: CBC