lundi, 05 mai 2025 11:55

La Corée du Sud veut armer le Canada

La Corée du Sud propose au Canada un partenariat militaire stratégique La Corée du Sud propose au Canada un partenariat militaire stratégique pixabay/photo d'illustration

Trois entreprises sud-coréennes souhaitent établir un partenariat majeur avec le Canada, incluant la construction de sous-marins, l’approvisionnement en artillerie et le développement de l’industrie militaire canadienne. Ce projet s’inscrit dans une dynamique géopolitique marquée par une redéfinition des alliances militaires, en particulier la remise en question de la dépendance canadienne vis-à-vis des États-Unis.

Table des matières:

Hanwha Ocean et Hyundai Heavy Industries ciblent la marine canadienne

Les entreprises Hanwha Ocean et Hyundai Heavy Industries ont présenté une offre conjointe estimée entre 20 et 24 milliards de dollars. Cette proposition vise à remplacer la flotte vieillissante de sous-marins canadiens avec une première livraison dès 2035. Le projet inclut également la construction d’installations de maintenance au Canada, avec des emplois à la clé pour les Canadiens. La proposition respecte le calendrier actuel de la marine royale canadienne et offre une alternative rapide et industrialisée à l’approvisionnement traditionnel en matériel naval.

Hanwha Aerospace veut équiper l’armée de terre

Hanwha Aerospace, société sœur du chantier naval, propose à elle seule deux plans détaillés pour renforcer les capacités de l’armée canadienne. Il s’agit principalement de fournir des obusiers mobiles et des systèmes d’artillerie à roquettes inspirés des systèmes utilisés dans la guerre en Ukraine. La valeur totale de cette offre dépasse 1 milliard de dollars, avec des délais de livraison courts et des options de production locale. Ces systèmes combleraient des lacunes identifiées dans les équipements actuels de l’armée canadienne, notamment en Lettonie.

Une stratégie gouvernementale sud-coréenne coordonnée

Le gouvernement sud-coréen soutient activement ces propositions, dans le cadre d’un plan national pour faire de la Corée du Sud le quatrième exportateur mondial d’armements d’ici 2027. Cette stratégie a déjà permis la signature de contrats militaires importants avec des pays comme la Pologne (jusqu’à 22 milliards USD), la Norvège, la Roumanie, la Thaïlande, le Royaume-Uni et l’Australie. Ces accords ont en commun la rapidité d’exécution et l’installation d’unités de production ou de maintenance dans les pays partenaires.

Les exemples étrangers, notamment la Pologne, démontrent que les offres sud-coréennes sont compétitives. Le programme polonais a permis l’acquisition rapide de chars K2 Black Panther, d’obusiers K9 et de lance-roquettes K239 Chunmoo. En Australie, un contrat de 6,19 milliards de dollars prévoit la construction de 129 véhicules de combat, pour la plupart assemblés localement.

Le Canada revoit ses approvisionnements militaires

Le contexte politique et industriel pousse le Canada à reconsidérer ses alliances traditionnelles. Le gouvernement Carney a suspendu plusieurs programmes d’achats américains, dont celui des avions de chasse F-35, en raison de tensions commerciales et stratégiques. Il a également entamé des discussions pour intégrer le programme de défense européen ReArm.

Cependant, les chaînes d’approvisionnement européennes restent limitées. Les experts sud-coréens soulignent les difficultés de l’Europe à réactiver des lignes de production fermées depuis la fin de la guerre froide. L’approvisionnement rapide est un critère clé alors que l’armée canadienne cumule les retards et les carences, notamment en Lettonie où il manque des systèmes antiaériens, des armes antichars et des technologies de lutte antidrones.

L’offre sud-coréenne représente une opportunité rare pour combler rapidement les lacunes opérationnelles. Les responsables militaires canadiens ont identifié 47 projets en cours, mais l’usure du matériel et les délais accumulés imposent une solution à court terme. L’expérience coréenne avec la Pologne et d’autres alliés montre que des livraisons rapides et des transferts industriels sont possibles.

Si ces propositions sont acceptées, elles pourraient marquer un tournant historique dans l’approche canadienne en matière d’approvisionnement militaire et de souveraineté industrielle. Le partenariat avec Séoul serait alors bien plus qu’un simple contrat : un engagement stratégique durable.

Source: CBC

 

Technique et Voitures

  • 1